Pensée arborescente
Philosophie

Vers la communauté de l’Être

Texte collectif en construction.

La forme du texte est librement inspirée du Tractatus logico-philosophicus de Ludwig Wittgenstein. Le fond est une réflexion sur la nécessaire transition de la folle organisation sociale centrée sur l’avoir, à l’organisation communautaire de l’Être, forme naturelle raisonnable de la sociabilisation humaine.

Prologue

L’Être est donné, dans le Cosmos tout est donné. Notre planète fait-elle exception ? Le capitalisme s’est globalisé comme système dominant et il détruit cet acte primordial du don en transformant tout en marchandise.

L’analyse philosophique permet de déconstruire la matrice enveloppant la totalité de nos vies, omniprésente et omnipotente, dont on n’invoque peu ou prou jamais le nom, à bon escient : le système capitaliste. Une grille d’analyse comme le marxisme a le mérite d’être absolument cohérente, et implacable,  avec la description détaillée de l’ornière dans laquelle le capitalisme fait déchoir l’humanité. Ce devenir suicidaire est consubstantiel au capitalisme, et il ne connaîtra pas de limite à la morbidité inscrite dans le cœur de ses principes. Mais peu importe le processus intellectuel pour arriver à cette lucidité,  l’important est de reconnaître la perdition inexorable de l’humanité dans la société de l’avoir.


Devrons-nous nous résoudre à nous transformer et à vivre comme des marchandises ? Homo sapiens apparu il y a 300 000 ans environ, a connu la liberté de vivre au plus près de son être dans un monde sans valeur marchande jusqu’à l’apparition du capitalisme et du fétichisme marchand, il y a 6000 ans au Proche-Orient. Le capitalisme, ce monstre systémique, connait depuis le XXe siècle une accélération globalisante de l’envahissement complet de l’existence. A l’instar de la créature de Frankenstein, le monstre a gagné sa propre autonomie et pourrait causer la mort de son créateur. Pouvons-nous envisager un retour à la communauté de l’Être, la « maison » naturelle de tous les êtres vivants ? La révolution à faire pour reconquérir notre liberté d’être est avant tout un réveil des consciences. Le désir de d’affirmer notre puissance d’être ne peut se déterminer que par la volonté de nous libérer de notre servitude volontaire aux carcans du système capitaliste. L’homme libre ne peut s’accommoder des superstructures comme l’état ni du fétichisme de l’argent que par exemple le travail salarié suppose. Il n’est pas question de faire ici un précis sur la praxis révolutionnaire, mais de définir les contours d’une communauté de l’Être, post-révolutionnaire.
Pensée arborescente

1 L’Être est tout ce qui advient.

1.1 Dans l’hypothèse d’un multivers infini : tout ce qui est possible advient, donc l’Être-multivers est également tout ce qui est possible.

2 La communauté de l’Être est la communauté communiste.

2 .xxxx la communauté communiste refuse le séparé de la communauté de l’avoir. La communauté communiste est une avec l’Être. C’est la communauté de l’Être. Il n’y a pas de classe dans la communauté de l’Être. Il n’y a pas d’argent dans la communauté de l’Être. Il n’y a pas les corolaires de l’argent dans la communauté de l’Être, notamment pas d’état, de classes dirigeantes etc. Il n’y a que des êtres.

2.xxxx La communauté de l’Être ne peut pas être confondue avec la communauté de l’avoir.

2.xxxx La communauté de l’avoir est le capitalisme sous toutes ses formes.

2.xxxx La communauté de l’avoir aliène l’homme et toutes choses au fétiche de l’avoir.

2.xxxx L’avoir est une illusion dans le fond et la forme, et un fétiche en tant que religion capitaliste, qui détourne l’humain de l’Être. L’avoir aliène l’humain à une illusion.

3  L’Être est donné.

3xxx L’Être est donné.  L’Être n’a de prix ou de « valeurs » que dans la communauté de l’avoir.

3xxx « Gagner de l’argent » pour « gagner sa vie » est un non-sens, issu de l’illusion de l’avoir.

3.xxx Les richesses de l’Être sont données. Les richesses de notre planète nous sont données. Les acquérir avec de l’argent est un non-sens issu de l’illusion religieuse capitaliste de l’avoir.

3.xxxx Le Cosmos est le temple du don.

4 Le sentiment religieux et le sentiment artistique sont les sentiments de l’appartenance à l’Être, en ce sens ils ne sont pas des sentiments séparés, comme il advient dans l’illusion de l’avoir.

4.xxx La pensée religieuse, scientifique, magique et artistique essaient de dire l’Être.

4.xxx Les religions de l’avoir instaurent le non-sens du séparé.

4.xxx Le retour à la Communauté de l’Être n’est pas un récit mais une modalité d’existence. Sa principale caractéristique est le double refus catégorique du fétichisme de la marchandise et d’un rapport social fondé sur la domination.

4.xxx Reconnaître la beauté du Cosmos, induit la volonté d’en participer et permet la puissance de la joie créative (ref Spinoza Nietzsche Debord).

4.xxx L’individu communauté connait la beauté du Cosmos comme le partage et expérimente le sentiment de déploiement de la temporalité immobile. (ref mythe de Sisyphe – ralentissement – éternel retour).

4.xxx Le temps de la beauté du vivant n’est ni linéaire (ref Ulysse) ni cyclique (ref Sisyphe) mais il est déployé (ref ??).

4.xxx La beauté du monde est sacrée. C’est cette sacralité qui s’exprime dans les sentiments d’appartenance à l’Être.

5 Les êtres n’ont pas de valeur autre que de participer à l’Être.

5.xxx Dans ce sens, l’humain est un être quelconque parmi les autres êtres participant à l’Être.

5.xxx Marchandiser les êtres est un non-sens dû à l’illusion religieuse capitaliste de l’avoir.

5.xxx Marchandiser les êtres est une erreur suicidaire. Elle est équivalente à se marchandiser soi-même, et par là transformer l’être en l’avoir, c’est-à-dire en objet mort ou marchandise.

6 L’humain est conscient de son existence en tant qu’être.

6.xxx La conscience de son existence en tant qu’être n’exonère pas l’humain de sa participation à l’Être.

6.xxx La conscience de son existence en tant qu’être ne protège pas l’humain des abimes de l’illusion de l’avoir.

6.xxx La conscience de son existence en tant qu’être place l’humain dans une position éthique vis-à-vis de sa participation à l’Être.

6.xxx L’individu communautaire veut savoir à l’inverse de vouloir croire. C’est la ligne de césure entre l’idéalisme bourgeois et le réalisme marxiste.

6.xxx La pensée de l’individu communautaire est autonome. Elle combat l’hétéronomie de toutes ses forces.

6.xxxx L’individu communautaire a sa pensée comme une charrue. Elle creuse son sillon d’où germent sans cesse des idées nouvelles.

6 .xxx L’individu communautaire n’a pas de rôle à jouer, il a sa vie à vivre.

6.xxx L’individu communautaire ne possède pas de terre, il habite un territoire. Il habite le territoire de sa vie.

7 L’éthique n’est pas la morale.

7.xxx L’éthique est le plein choix de participer en conscience à la communauté le l’Être

7.xxx Il ne peut y avoir d’éthique à participer à l’illusion de la communauté de l’avoir sous quelque forme que ce soit.

7.xxx Dans la société de l’avoir, l’individu pense et se pense dans le séparé.  Il n’échange pas, il classe (pour surclasser), il disqualifie, il condamne, il juge, dans le seul dessin d’éliminer la contradiction, ou mieux le porteur de la contradiction. L’éthique passe par la nécessaire acceptation de la contradiction.

7.xxx La vérité ne peut être cristallisée dans un récit. Elle est en acte dans le questionnement méthodique. L’individu communautaire voit les questions comme des fleurs dont ils sont les jardiniers passionnés.

7.xxx Dans la communauté de l’Être, l’individu a une grande confiance et estime de soi. Il ne pense pas isolément mais au sein d’une communauté de vie. La contradiction n’est pas un problème personnel mais un moteur de questionnement. Le questionnement et sa résolution via une possible contradiction est partie prenante de l’éthique.

7.xxx Le questionnement méthodique propre à l’éthique, nécessite une souplesse cognitive (acceptation de la contradiction), une logique implacable, un doute constructif et un réalisme pratique. L’éthique n’est pas un idéalisme, car l’éthique se traduit par une conduite conforme à ses principes dans la réalité des actes.

7.xxx Le respect du vivant sous toutes ses formes est partie prenante de l’éthique.

7.xxx Le respect du vivant, procède de la reconnaissance de la beauté du vivant. Le désir de la beauté est partie prenante de l’éthique.

7.xxx La communauté de l’Être est un eudémonisme (ref Spinoza, Thoreau, Wittgenstein)

8 La communauté de l’Être n’est pas la communauté de l’avoir.

8.xxxx Il ne peut y avoir de confusion entre la communauté de l’Être et la communauté de l’avoir. La communauté de l’Être est antinomique de la communauté de l’avoir. L’avoir est le non-être.

8.xxx Dans la société de l’avoir l’individu est seul. Nous disons que l’individu est séparé. Le social n’est qu’une prothèse de substitution illusoire pour remplacer la perte de la communauté. Le désir de l’individu séparé est n’est plus désir du vivant mais désir de l’objet, et ce faisant devient lui-même un objet.

8.xxx La marchandise est un objet mort c’est-à-dire dépossédé du travail humain qui l’a produit. Peu importe qui a produit  la marchandise, homme ou machine. Peu importe les conditions de la production. La marchandise est un objet mort qui n’a strictement aucune valeur au sens éthique du terme.

8.xxxx La société de l’avoir est le royaume du récit contre le principe du questionnement méthodique. Derrière le récit, il y a le néant, alors que derrière le questionnement, il y a la réalité du Cosmos. Le principal caractère du récit est d’arrêter le questionnement vivant, c’est-à-dire d’arrêter la pensée. Le récit est mort dès qu’il est posé alors que le questionnement est vivant. Le récit est de la pensée morte.

8.xxx L’idéalisme enclos le sens et le fait mourir.

8.xxx Dans la société de l’avoir remettre en cause les récits est une catastrophe. L’individu séparé se sent menacé par le questionnement. Le récit de l’avoir répond à l’angoisse existentielle de l’individu séparé face à sa finitude. L’absurdité de sa situation est mise en récit pour supporter cet état d’angoisse existentielle.

8.xxx Dans la société de l’avoir, la beauté ou la valeur ne sont pas associées au vivant mais à la mort. En ce sens, le désir de l’individu séparé est un désir thanatique.

9 Le non-être n’est pas.

Auteur

fabrice@axsand.com

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