Le fragmentaire
Je suis partie de l’hypothese qu’on ne pouvait saisir la réalité comme un tout, que cela relevait de l’illusion.
Mon intérêt pour l’écriture fragmentaire est né d’un questionnement sur le pourquoi de l’écriture aphoristique chez Nietzsche. Pourquoi écrit-il comme ça ? comme si chaque aphorisme était une entité en soi et n’était pas forcément en lien avec l’entité qui précédait et l’entité qui suivait. Est-ce que ces entités peuvent former un tout cohérent ? ça n’apparaît pas d’emblée. Chaque bout, chaque aphorisme se suffit à lui-même, et laisse la possibilité pour celui qui s’en saisit de laisser courir son imaginaire, faire ses propres liens.
Ce qui m’intéresse, c’est la dimension expérentielle, mais également la dimension poétique. Cette idée que par l’acte poétique, on va tenter d’enserrer, de saisir, d’approcher au plus près quelque chose qui a à voir avec le réel. L’idée que le mot et la chose, jamais ne se rejoindront.
Tenter d’approcher au plus près du bord, à cet extrême où nous disparaissons à nous même.
Vivre l’acte poétique comme un jaillissement, une sortie de soi. Jusqu’à son propre effacement de la scène où l’acte d’écriture se déroule. Et se relire, surpris, comme se vivant étranger à soi-même. Un bout sorti de soi, autour duquel la machine infernale, retissera du sens jusqu’à disparition du fragment dans l’immensité d’un tout illusoire.
Commentaires
Peut-on considérer l’œuvre la plus connue de Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, comme une somme d’aphorismes ? Ou est-ce qu’il y a une superstructure qui émerge. Comme les petits poissons et le banc…
Je pensais à d’autres ouvrages, comme humain, trop humain par exemple, même si la préface est sous forme d’un récit. Concernant Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche le décrit ainsi « c’est un Poème, ou un cinquième évangile ou quelque chose pour lequel il n’existe pas encore de nom » (2/02/1883)